L’Eau Vive, c’est le nom que j’ai décidé de donner à ce projet un peu fou. Seulement, n’est-ce pas le propre de tous les projets, d’être fous justement ? Ils partent d’un rêve, qu’on voudrait goûter et vivre du plus profond de notre être. Ils nous animent, nous font danser, courir, découvrir, et nous poussent à nous dépasser.
Ces partages dans lesquels vous vous plongez, ce sont de l’Eau Vive dont ils parlent. Ce nom vient de la chanson de Guy Béart, la mélodie sur base de laquelle mon Bonheur a été créé. C’est ainsi que ma maman appelle la berceuse qu’elle a inventée pour chacun de ses enfants : un Bonheur.
Il a toujours été essentiel pour moi que ma vie soit fidèle à son Bonheur : laisser couler l’Eau Vive. C’est pour cette raison que j’ai récemment décidé de lui laisser une place toute particulière, en me lançant dans ce voyage.
Délectez-vous de l’Eau Vive. C’est une énergie si douce, et pourtant si vivifiante, dont on ne sait rapidement plus se passer. C’est une soif de vie, un cours d’eau qui vous mène plus loin que vous ne l’auriez pensé. Faites que cette eau puisse toujours couler en vous, et vous transporter.
Pour remettre un contexte à ce voyage, et à sa raison d’être, j’aimerais vous en dire un peu plus à mon sujet, et ce qui m’a amenée à en être là aujourd’hui. Je pense que tout a commencé lorsque nous nous sommes séparés, mon ex-compagnon et moi.
Suite à cette séparation, et comme je ne fais pas les choses à moitié, j’ai trouvé une colocation composée de total inconnus, que j’ai appris à adorer, et y ai déménagé trois jours plus tard. Le surlendemain, j’avais aussi la chance de commencer un nouveau travail. Ma vie avait donc radicalement changé, que ce soit sur le plan amoureux, travail ou habitat. “Chaque chose en son temps”, ou “tout vient à point à qui sait attendre”, ne sont pas vraiment des maximes qui me parlent…
Commencèrent alors les épopées de Coline, ou plutôt les épisodes de “Coco Télénovelas”, comme une de mes amies les a surnommés. En effet, à chaque semaine sa nouvelle histoire. Un besoin irrépressible de vivre, rencontrer, et confronter.
De toutes ces épopées, naquit l’Eau Vive. Une envie profonde de quitter Bruxelles pour un moment, de me confronter face à moi-même, me recentrer, et surtout, me rapprocher des gens et de la nature. C’est grâce à tout mon entourage, ancien ou nouveau, que j’ai osé construire ce projet. Chacune et chacun a à sa manière pu amener une petite pierre à ce voyage.
De base, je voulais partir sur les routes de France pour y vendre mes ponchos sur les marchés de créateurs. Je me suis alors lancée dans la recherche d’une caravane, trouvée auprès d’un couple adorable. Leur douceur et bienveillance animent les murs de ma petite bulle à deux roues. Cependant, Les mois passant, mon projet mûrissant, il était de plus en plus évident que je voulais limiter les projets justement, et apprendre à lâcher prise.
Il faut savoir que le camping fait depuis toujours partie intégrante de ma vie. Il n’y a pas eu une année sans que mon pied ne touche le sol d’une caravane. La figure de proue de cette passion fut mon Boumpa, cher et tendre grand-père qui m’apprit tant. Je devais normalement partir le dimanche 21 avril 2024 pour mon voyage. Boumpa aurait eu 100 ans ce jour-là. Malheureusement, la vie en a décidé autrement. Lorsque nous accrochions ma caravane à la voiture, un vol d’oies sauvages est passé au-dessus de nous, signe d’un danger d’après Google. En effet, quelques minutes plus tard nous découvrîmes que les feux de signalisation étaient cassés… Heureusement, mon départ ne fut décalé que d’un jour, et cela me permis de profiter de quelques dernières douceurs bruxelloises avant de partir.
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Le lâcher prise
Je pense que c’est bien le premier apprentissage conséquent que j’ai à faire. Apprendre à ne pas tout planifier à la minute, et lâcher prise sur le temps et les évènements que la vie m’amènera. Vivre avec l’imprévu, plutôt que d’essayer candidement de le dominer. Cela a commencé par l’essence même du projet, lié à ma marque de poncho. Partir sur la route, avec tout un atelier de couture dans la caravane, produire suffisamment pour les marchés de créateurs, le magasin où je vends à Bruxelles, et mes commandes personnelles, autant vous dire que c’était une réelle entreprise que j’aurais lancée là. De plus, le vol d’oies lors de mon faux-départ, et les feux de signalisation qui ne fonctionnaient plus, furent aussi un bel apprentissage exemplifié.
J’ai préféré donc écouter mon corps, qui me dictait ceci : calme, silence, sérénité et partage.
J’adore travailler et créer, ce sont des choses qui me donnent réellement de l’énergie, et j’ai besoin d’être animée par des projets. Seulement, n’est-ce pas plus confrontant, plutôt que d’entretenir le “tout”, de faire face au “rien” ? Je peux vous l’affirmer, c’est confrontant. Apprendre à lâcher prise, ne pas organiser, décélérer, voilà mon plus grand défi lors de ce voyage.
Il a donc évolué pour devenir maintenant des mois de voyage et de “rien”. Prendre le temps de ne rien faire, accepter d’être lente. De s’assoir sur un rocher pour écouter le chant d’un oiseau, ou de sentir la chaleur du soleil sur son visage. Le temps de rien, qui pourtant, après quelques jours à le pratiquer, devient un peu le temps de tout. Le temps où l’on ressent tout ce qu’il se passe autour de nous, où un éveil se crée, et une sensibilité que l’on pensait enfuie s’ouvre.
Avec le recul, mon voyage est surtout cela : vivre de rien, en ayant le temps pour tout.